Les mots - Sens

Première perception, première fonction, socle premier du mot à tel point que beaucoup, aujourd'hui, ne peuvent

concevoir le mot autrement que dans le sens.

Le sens est bien l'origine, la raison de l'existence du mot. C'est pour communiquer, pour se faire comprendre, pour

échanger, pour s'aider, pour transmettre et survivre que le mot a émergé gorgé de sens.

Sens premier avec des onomatopées : cri de peur, cri de surprise, cri de joie, cri de haine ou cri d'amour, le sens naquit

avec les toutes premières émotions humaines dès l'aube des temps pour s'affiner aux fils des évolutions.

Le sens s'est ainsi enrichi de nos richesses, de nos démesures, de nos mélanges culturels, de nos explorations intellectuelles, de nos découvertes scientifiques et technologiques. Le sens a aussi un sens, celui d'aller de hier vers

demain, du dedans vers le dehors, du simple au complexe. Cela implique que chacune, chacun propose et dispose d'un

sens qui lui est propre, personnel, vaste ou restreint, giratoire ou interdit, clair ou sombre, bref le sens est une relativité

humaine, c'est cela la magie et c'est cela le problème.   


Regardons (Comprenons) quelques phrases ou vers dans son ensemble et sa structure :

"Dans la prose libre des rimes" : (Extrait de " Monologue de la mer " ou 4 saisons marines : Printemps)

 

Curieusement vêtue d'étranges coquillages

La mer se répandit jusqu'à l'étang voisin

Le printemps ravivait au creux de son visage

Les reflets oubliés d'iris et de satin.

Son corps se réveillait, frétillant de vigueur

Sous le frémissement du halo matinal,

Les vagues mordillaient, dentelle de fraicheur

Les rochers qui bordaient les rives du canal.

Des goélands glissaient au fil de la lumière

Où miroitaient déjà les premières lueurs

D'une naissance bleue vibrante de matière,

Accouchement fiévreux d'un monde de couleurs.

Poussée par les caresses d'une brise marine

La mer tirait ses flots vers l’intérieur des terres,

C'était un jour d'espoir où l'amour se devine

Comme un pardon lancé aux cendres de naguère.

Elle riait en passant, heureuse d’être là

Vivante de poissons qui déferlaient sans bruit

Dans un foisonnement de fusions et d'ébats

Où s'égrenaient déjà les prémices de vie.

D'un paysage éteint, morne de platitude

Émergeait en douceur un monde de relief

Qui, secouant son dos ensablé d'habitude,

Chassait tout à la fois la peur et les griefs.

 

Nous avons ici un texte descriptif qui, dans son sens, veut donner aux lecteurs l'exacte mesure (ou au plus près) de ce

que l'auteur voit, sent et pense à un moment précis, d'un sujet précis.

A travers nos écrits, le sens est donc la matérialisation de nos visions, de nos ressentis, de nos idées face à la

matérialisation des autres.

Après lecture, chacune, chacun est à même (ou le croit) de s'y retrouver, d’être d'accord, d’être contre, d'apprécier ou

de dénigrer.

C'est à partir de ce processus simple que bon nombre d'humains, écrivains ou pas, lecteurs ou pas, se foutent sur la gueule : Le sens des uns partant en guerre contre le sens des autres . (Oups !)